L’ éGLISE SAINT Charles

 

 En 1883, le quartier de la Route se développant de plus en plus, l’autorité diocésaine décida de créer une seconde paroisse. La même année, le conseil municipal délibéra sur l’opportunité d’une deuxième église à Houplines.

Le 11 mai, une église provisoire fut ouverte dans la rue d’Hespel.  On y installa l’Abbé Jérémy Delanghe, alors vicaire de Sainte-Anastasie, comme chapelain avec pouvoirs de curé.

C’est le 17 septembre 1883 que Monseigneur Monnier, Evêque de Lydda, posa la première pierre du nouveau sanctuaire sur un terrain généreusement offert par le Comte et la Comtesse d’Hespel. Pour la circonstance, l’emplacement de l’église avait été délimité par des mâts surmontés d’oriflammes.

Monsieur Louis Croin, architecte à Tourcoing, fut chargé de l’étude du bâtiment et du suivi des travaux. Après la lecture des offres, il confia une grande partie des travaux de gros œuvre à des entrepreneurs houplinois. En effet, la maçonnerie fut exécutée par Léon Vanderschelden, la charpente par les frères Sion, la ferronnerie par Delannoy-Wgeux et le zinc par Plaisant.

Le montant de ces premiers travaux fut payé pour moitié grâce à une souscription, soit 50000 francs. Les autres 50000 provenaient d’un legs laissé par l’Abbé Charles Chocqueel, curé de Sainte-Anastasie de 1857 à 1873, pour la construction d’une nouvelle église à Houplines. C’est sans doute pour honorer ce prêtre que l’église fut placée sous le patronage de Saint Charles Borromée.

La bénédiction de l’église Saint-Charles eut lieu le 26 septembre 1884. Le bâtiment était de style gothique, à trois nefs, avec chœur à pans coupés.

Mais les travaux intérieurs n’étaient pas achevés et l’argent manquait. Une aide fut alors demandée à la ville d’Houplines qui versa 1000 francs par an de 1887 à 1892 pour travaux de plafonnage. A cela vint s’ajouter une subvention départementale de 1500 francs le 8 décembre 1892. Par contre, à une demande de subside pour achever les travaux, le Ministère de la Justice et des Cultes répondit le 16 octobre 1890 que « Saint-Charles ne peut bénéficier de secours du Ministère, les crédits portés au budget des cultes étant exclusivement destinés aux églises chefs-lieux de paroisse pourvues du titre de cure, succursale ou chapelle paroissiale. Or, Saint-Charles n’est reconnu qu’en tant que chapelle de secours, qui n’est en fait pour le Ministère qu’une rallonge à l’église centrale, autorisée pour la commodité des habitants trop éloignés, mais à la condition expresse qu’ils auront à en supporter les frais. »

La tour fut construite en 1898 et le 5 juin de la même année, fut baptisée une cloche qui eut pour parrain Jean-Baptiste Duretz, Chevalier de la Légion d’Honneur, et pour marraine Marie Boignières-Lemesre. On donna à cette cloche le nom original de Notre-Dame des Sous car elle avait été fondue avec de la monnaie de bronze et de cuivre. En effet, en 1897, le Ministère des Finances décida que la monnaie de billon étrangère n’aurait plus cours en France, mais aucune compensation ne fut offerte. De nombreux Houplinois, comme beaucoup de Français, furent obligés de remiser leur stock de gros sous, qui était assez considérable pour certains. Les paroissiens de la Route pensèrent à leur église et offrirent cette monnaie pour fondre une cloche.

L’église ne reçut jamais sa flèche qui était pourtant prévue dans les plans de M.Croin. Et, au lieu de s’élever à environ 50 mètres du sol, elle en resta au stade de la tour.

 

L’église Saint-Charles fut détruite lors de la première Guerre mondiale.

                                                                

 

L'EGLISE PROVISOIRE

L’église provisoire fut inaugurée le 1er octobre 1922. Située rue d’Hespel, elle faisait partie d’un ensemble appelé « établissement Saint-Charles » appartenant à Monsieur Louis Colombier, industriel, et reconstruit d’après les plans de l’architecte Debonneville par la maison Chouart de Nantes alors installée à Armentières. Outre l’église, cet ensemble comportait une école de garçons (l’externat Saint-André), une école de filles (l’externat Sainte-Geneviève), une école enfantine (maternelle), un patronage de garçons et un patronage de filles, un cercle d’hommes, un logement pour le directeur de l’école de garçons et un autre pour les religieuses et les institutrices qui fut d’abord utilisé comme presbytère.

Il nous faut noter le remarquable investissement de l’abbé Paul Danset, curé de la paroisse, dans la restauration de l’établissement Saint-Charles. Les premiers mois après son arrivée, il mania la pelle et la pioche pour aider, par exemple, à restaurer la petite maison des religieuses. Par la suite, quand les fonds firent défaut pour divers aménagements, il paya de ses propres deniers : ainsi, il acquit une bande de terrain le long de la grande salle pour y établir deux petits locaux, un pour les acteurs et l’autre à usage de cuisine. Pour cette salle également, il paya pour les enduits sur les murs, les cloisons mobiles de séparation, le théâtre et les différents tambours. En collaboration avec Monsieur Louis Colombier, il fit construire une deuxième salle pour l’école enfantine, un préau pour la relier à la première, une buanderie pour les religieuses et un local devant servir à une école ménagère.

RECONSTRUCTION DE L’EGLISE

Comme l’église Sainte-Anastasie, l’église Saint-Charles fut reconstruite en grande partie grâce aux dommages de guerre. Albert Baert en fut l’architecte. Cinq entrepreneurs armentiérois intervinrent dans l’exécution des travaux : Victor Bouquillon (sols en granito dans le projet, finalement réalisés en dallage de ciment bouchardé pour des raisons financières), Florimond Dufour (pierres reconstituées), Tournemine et Grimelpont (couverture, zinguerie, plomberie, sanitaires), Maurice Debosque (charpente et menuiseries, quincaillerie, ferronnerie d’art) et Adolphe Bodou (peinture et vitrerie). Terrassements, maçonneries  et ferronneries de bâtiments furent réalisés par l’entreprise Lecoeuche de Lille.

Rebâtie au même endroit que la précédente, l’église s’inspire de l’art roman. Construite en briques avec éléments de pierre, elle comporte trois nefs, avec un transept percé d’une rose et non saillant des murs des bas-côtés. Les fenêtres hautes sont des triplets et les bas-côtés sont éclairés par des baies jumelles. La tour, en façade, comporte des meurtrières  sous l’étage des cloches qui présente trois baies par face. L’ensemble est surmonté par une toiture pyramidale. Comme à l’église Sainte-Anastasie, des lucarnes s’ouvrent au milieu de la toiture principale et les conduits de cheminée sont dissimulés dans des pinacles gothiques ajourés.

La bénédiction de l’église eut lieu le 15 août 1932. La chorale paroissiale et un orchestre de musiciens bénévoles participèrent aux cérémonies liturgiques ; l’abbé Lamoot, un enfant de la paroisse, fit un sermon de circonstance et invita les paroissiens à aimer de plus en plus leur église. Après la guerre 39-45, une souscription fut lancée pour la réalisation d'un vitrail offert en remerciement de la protection accordée à la paroisse pendant le conflit.

 

Le clocher accueillit une seconde cloche en 1948 : Louise-Madeleine-Jeanne, baptisée le 18 janvier 1948. Elle eut pour marraine Madeleine Lambert, épouse de Ludovic Colombier, et pour parrain Jean Colombier. Le premier prénom de la cloche lui fut attribué en souvenir de Louis Colombier, père des précédents et bienfaiteur de la paroisse, tout en lui associant son fils Ludovic (forme latine de Louis).

 

                                                                               

                                                                                   Mis en ligne 27/04/2016